Ambivalence du calculable et crise du jugement
Jean LASSÈGUE, « Ambivalence du calculable et crise du jugement », (2019) 82 Archives de Philosophie 255, DOI: 10.3917/aphi.822.0255.
Jean LASSÈGUE, « Ambivalence du calculable et crise du jugement », (2019) 82 Archives de Philosophie 255, DOI: 10.3917/aphi.822.0255.
Le but de cet article est de ressaisir sous un angle épistémologique les débats actuels sur la digitalisation du droit et de la justice pour essayer de prendre la mesure des transformations qui, dans ce domaine, mettent aujourd’hui en crise la notion de jugement. Cette crise peut être décrite d’un mot : c’est la délégation aux machines qui semble priver les humains d’une de leurs prérogatives les plus fondamentales, à savoir la capacité de produire un jugement de façon autonome. La notion actuelle de calcul et ses conséquences dans la sphère du droit constituent donc le centre de gravité des pages qui suivent. Historiquement, on montrera que le projet de mécanisation du jugement s’est constitué dès l’âge classique mais que ce sont les limitations internes de la calculabilité telles qu’elles ont été mises au jour dans les années 30 du siècle dernier qui ont, de façon paradoxale au premier abord, renforcé à l’extrême la tendance à la mécanisation, aggravant la crise qui affecte la notion de jugement en droit. On montrera cependant que ce moment de crise a l’avantage de révéler le cadre collectif nécessaire à l’institution de l’instance juridique de jugement. S’il y a crise du jugement, il y a donc aussi moyen d’y pallier et de renouveler de l’intérieur le régime même de la légalité juridique.
Ce contenu a été mis à jour le 22 juillet 2024 à 13 h 43 min.