Les travailleurs du clic et l’intelligence artificielle

La prophétie d’une intelligence artificielle autonome et anthropomorphe est ancrée dans l’imaginaire collectif depuis des décennies, impulsée par une culture largement romancée et les effets d’annonces des acteurs du secteur. Pourtant, dans les coulisses, se cache encore un travail humain. Une multitude de petites mains nourrissent les machines de précieuses données et entraînent les algorithmes. Micro travail, ouvriers du clic, crowdworking, digital labor, microtasking, autant de termes qui définissent cette nouvelle catégorie de travailleurs peu connue et loin d’être anecdotique. Ils accomplissent des tâches multiples et d’une simplicité déconcertante, paradoxalement essentielles à l’apprentissage des machines. Ce marché en pleine expansion pourrait inclure 213 millions de travailleurs en 2019 au niveau mondiale selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Toutefois, les travailleurs du clic sont soigneusement dissimulés, entretenant ainsi le mythe de “l’intelligence artificielle” et la précarité de leur métier. Partant de ce constat, l’OIT a publié en septembre 2018 un rapport d’étude dans lequel elle appelle à un encadrement urgent de cette pratique obéissant à un nouveau business model encore en marge des normes habituelles du travail.

Ce contenu a été mis à jour le 3 septembre 2020 à 13 h 36 min.